Place de l’Europe-Simone Veil, Paris 8
Embellir Paris, Ville de Paris 2019

Sublimer le paysage

Des disques de perles lumineuses sont alignés sur une ligne circulaire et horizontale, leur intensité augmente et diminue par vagues tout autour du rond-point comme des « zéniths » qui apparaissent et disparaissent selon un mouvement ondulatoire. En cet instant le soleil apparaît tandis que sur le cercle, ou collier, la photosensibilité des perles nous envoie leur brillance.

La réflexion colorée de la lumière se distingue dans le paysage urbain. La fluïdité des couleurs apparait dans le passage chromatique: le vert devient rouge qui à son tour se teinte de jaune celui-ci passe au bleu qui appelle au jaune, ce dernier se change en blanc lumineux qui appelle au bleu du ciel du jour – qui retournera, quelques heures plus tard, en son contraire, en bleu-nuit. Tel est le principe des moments lumineux et colorés de l’œuvre durant la journée puis se plongeant dans l’espace nocturne. Coulée d’obscurité, avec nos phares l’œuvre est activée par cette interaction. La lumière est renvoyée vers le regard du passant, de l’automobiliste, il lui semble être le seul spectateur de l’oeuvre. Cette installation s’élabore comme une expérience de l’espace réel.

Le collier

Il entoure le rond-point de points brillants sur 36 mètres de diamètre, constitué de 89000 perles de verre rétro-réfléchissantes. Il est à l’échelle du paysage urbain et marque le centre de la place. De jour la lumière naturelle qui baigne largement le site donne à voir le collier. Les voitures tournent, le flot des voitures depuis chacune des rues arrivant sur la place déverse la nuit sa lumière sur le rond point, chaque faisceau renvoie la brillance en une nouvelle métamorphose de l’oeuvre.

Simone Veil et l’Europe

Première femme présidente du Parlement européen en 1979 Simone Veil était pleinement engagée pour l’Europe, une Europe construite patiemment. Madame Veil incarne tout autant d’autres combats comme la lutte contre l’antisémitisme, la lutte pour les droits des femmes et la loi sur l’IVG… Elle est entrée au Panthéon le 1er juillet 2018.

Peindre avec des billes de verre et avec la lumière c’est comme peindre avec des touches juxtaposées de peinture. Le vert résulte du voisinage d’un bleu et d’un jaune, le jaune du rouge et du vert…Un clin d’œil aux peintres impressionnistes qui venaient sur le Pont de L’Europe dans le quartier de la gare St-Lazare, peindre les vapeurs de fumées irisées au soleil. Les peintres impressionnistes peignaient avec des touches de couleur afin de créer la synthèse additive, leur permettant de conserver la luminosité de leurs couleurs picturales dans une vibration optique, les couleurs se mélangent alors dans l’oeil. En mélangeant avec la peinture deux couleurs le résultat est plus foncé

Le temps

Sous la place, les trains circulent sur des voies quasi rectilignes, marquant départs et arrivées. De lignes fortes structurent le paysage urbain au-dessous, tandis que sur la place, au-dessus, se lit la fluidité des courbes et du cercle central. Sous la place, les arrivées et départ de trains s’accompagnent de la lenteur comme si le temps ralentissait. Un son ambiant de flux résonne doucement au-dessus.

L’espace s’associe au mouvement et offre une déambulation nouvelle. Il se fait mouvement perceptible dans un rayonnement lumineux. La lumière est comme un révélateur d’une influence constante sur nous-mêmes, qui annonce la confrontation avec l’instant présent. Ce dispositif lumineux (sans consommation énergétique) invite au mouvement, à la non-fin, la continuité, l’infini et cherche à les rendre visibles.

Oeuvre créée dans le cadre de l’appel à projet EMBELLIR Paris de la Ville de Paris, 2019

Photographies Guillaume Thomas