MAISON LOUIS CARRÉ
Bazoches-sur-Guyonne, France
25 septembre – 27 novembre 2022
Une exposition personnelle, installations et œuvres lumineuses
Commissaire d’exposition : Asdis Olafsdottir
Le glissement de la lumière s’effectue de l’extérieur vers l’intérieur et vice-versa. Ce glissement entraine un mouvement de la courbe du vaste plafond de l’entrée de la maison se dirigeant vers le salon dans une vague brillante qui glisse vers le sol. De jour et de nuit, les espaces de la maison s’inventent autrement dans un travail d’installations in situ créant de nouvelles densités et une dématérialisation se situant aux limites, sur les baies vitrées, ainsi qu’au sein des pièces dans une fuite des repères.
Fiction solaire
Les installations in situ créent une fluidité dans le site nous permettant, notamment, de contempler autrement le paysage alentour, celui-ci apparait comme une fiction solaire. A l’intérieur, le hall d’entrée-galerie de la maison devient œuvre avec la création d’une vague, répondant au plafond ondulant.
Sensations organiques sensibles
Comme le galeriste et collectionneur Louis Carré le souhaitait les œuvres ne font qu’un avec la maison. Dans le salon, habituellement, on s’installe en tournant le dos au paysage, avec les installations créées sur la baie vitrée on tourne le regard vers le paysage transformé et sublimé.
Une autre perception de la nature est donnée à voir : la sensation d’une immersion directe dans ce paysage aux allures futuristes. Dans les pièces de la maison, salle à manger, cuisine, chambre, la présence des installations in situ et des œuvres placées en regard des luminaires ou du mobilier créent une sorte de fuite des repères.
Dispositifs solaires et diurnes
Les installations créées spécifiquement dans la maison ainsi que dans la piscine, s’appuyant sur l’emploi de gélatines aux chromatiques pures et intenses, mettent en exergue les déplacements des fonctions liées au quotidien dans une temporalité diurne jusqu’à celle nocturne qui en renouvelle les sensations comme une entrée dans le futur.
Où les reflets chromatiques et lumineux des œuvres disposées (sculptures lumineuses, en verre, photographies et autres mediums) agissent sur les objets, les espaces, les entre-deux et en renouvellent les sensations organiques et sensibles, provoquant des glissements.
Substance
Sculptures en verre émaillé
Découlant de mes recherches sur la lumière et les longueurs d’onde comme médium de création de lieux d’immersion pour de nouvelles densités, ces sculptures en verre présentent un dedans et un dehors dans un ensemble fermé et lisse, un tout transpercé par la lumière. À leur surface se distinguent des couleurs saturées qui, soit se complètent, soit se juxtaposent dans un flou entre translucidité, transparence, éclats et certaines opacités suscitant de nouvelles substances.
Attirant une tension allant d’un côté puis de l’autre, des sculptures à fonds hémisphériques, la forme oblongue et brillante ainsi que l’apparente bi-chromatie soulignant la composition en deux parties ne sont pas sans évoquer la forme galénique des gélules. Mais à cette échelle les sculptures de la série « Substance » permettent au regard de plonger dans la matière, dans les couleurs et de se fondre dans leur rayonnement.
Quand la rétine se régale, Platon donne au mot couleur « Pharmakon » en grec le sens de remède, telle une puissance curative.
Une errance verticale
Cette œuvre lumineuse réalisée en 2019 sur la façade de la Maison Louis Carré est présentée dans un film.
Elle fait également l’objet de photographies tirées sur Dibond où l’éclat de la lumière nous permet de revivre la sensation de l’œuvre.
« L’espace de la façade devient indissociable du temps, il se fait parcours. Malléables et flottantes les lumières colorées, pures, saturées, s’étalent et se séparent, la façade se dilate, se coupe en deux horizontalement. Les flux lumineux se modulent imperceptiblement. Ils glissent pour atteindre d’autres longueurs d’ondes recréées, à leur intersection : la ligne horizontale du toit, légère.
Comme une recherche d’harmonie, les longueurs d’onde se répondent sur cette architecture unique en France réalisée par Alvar Aalto pour le collectionneur Louis Carré.
Absorbant les parois, diverses, carrées ou anguleuses et planes la lumière embrase le site. La fluidité de la lumière se fait transparence du lieu, élastique elle change de chromatiques qui s’épanchent en fondus. Provoquant un phénomène hypnotique un « paysage », de flous lumineux rythmés et lents, se révèle par des zones chromatiques d’égale valeur qui se diluent et réapparaissent.
La projection de certaines lumières colorées choisies crée un dialogue entre des longueurs d’onde, le bâtiment et les visiteurs. L’atmosphère spécifique et changeante de l’oeuvre crée un environnement pouvant modifier le développement de notre pensée, interrogeant notre propre environnement. Il s’agit également d’un hommage à l’architecte Alvar Aalto et à sa recherche de fonctionnalisme organique. »
Projecteurs Led RVB, programmation créée et enregistrée
MIRAGE, 2021, Une commande du Mobilier national
Mirage est un tapis de velours de laine de 4,50 m x 3,40 m réalisé avec ses 16 couleurs, toutes réalisées dans l’atelier de teinture de la Manufacture des Gobelins à Paris. Il a nécessité 1 574 jours de tissage avec la technique du point noué menés par trois chefs de pièces et cinq lissiers pendant 4 ans, entre 2016 et 2020 à la Manufacture de la Savonnerie de Lodève.
Ce tapis intitulé Mirage qui d’un geste unique de passage vaporeux du bleu indigo au violet pourpre, comme dans un sfumato où les couleurs se fondent les unes dans les autres en de subtils dégradés, nous transporte dans son mouvement lumineux. En créant Mirage, j’ai imaginé que l’on marche sur la lumière colorée comme en immersion dans mes œuvres lumineuses.
« La difficulté a été de retranscrire l’onde lumineuse et l’énergie du ‘carton’ avec ce dégradé de lumière. Nous avons pu le faire avec de nouvelles techniques que l’on n’avait jamais utilisées avant » raconte le chef de pièce Benoît Jorba, lissier responsable de la réalisation du tapis. Il a mis au point la technique d’interprétation de mon carton (matérialité colorée de la lumière) et a réalisé un travail patient et mathématique, mélangeant dans une synchronisation temporelle et matérielle, les couleurs saturées des laines, retrouvant ainsi un parallèle étroit avec les dégradés créés dans ma création ou modèle du tapis. C’est aussi le fruit de dialogues et d’échanges lors de mes visites régulières à la manufacture.
La maison Louis carré par Alvar Aalto
Classée Monument historique, la maison Louis Carré est le seul bâtiment conçu en France par Alvar Aalto. Elle a été construite pour le marchand d’art et collectionneur français Louis Carré et son épouse Olga, installée sur une colline proche de la forêt de Rambouillet, à 40 km au sud-ouest de Paris. La maison Louis Carré est un chef-d’œuvre en soi, dotée des caractéristiques conceptuelles distinctives de la philosophie d’Aalto, l’un des maîtres de l’architecture du XXe siècle. L’omniprésence de la lumière naturelle, conjuguée à son design intérieur – accessoires, meubles, lampes et textiles – conçu sur mesure par Alvar, Elissa Aalto et leurs équipes, en font l’un des joyaux emblématiques de l’architecture et du design de la fin des années 1950.
Avec la complicité de la galerie Baudoin Lebon et le soutien de l’Ambassade de Finlande à Paris et Hiscox.